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17.05.22

Une fête des mères décisive pour les artisans fleuristes

Dire que les années écoulées ont été compliquées pour les artisans fleuristes relève de l’euphémisme : entre fermeture prolongée des boutiques liée à la pandémie, hausse des prix de l’énergie qui se sont répercutés sur le prix des fleurs et concurrence exacerbée des fleuristes sur Internet, les artisans fleuristes comptent sur la fête des mères pour relancer leur activité.

En boutique, les fleuristes se préparent à la plus grosse journée de l’année avec la perspective de la fête des mères le dimanche 29 mai. C’est peu dire que cette journée est cruciale pour les professionnels de la fleur : on estime que les artisans fleuristes réalisent près de 20 % de leur chiffre d’affaires à cette occasion. De quoi susciter de l’espoir, mais aussi beaucoup d’attentes à l’approche de cette échéance.

Pourtant, les artisans fleuristes ont toutes les raisons d’aborder ce rendez-vous avec sérénité. Tout d’abord, ils conservent massivement la confiance de leur clientèle pour qui leur savoir-faire est un gage de qualité. Par ailleurs, ils restent le premier canal de vente “brick and mortar” (vente physique) du marché, en raison de la confiance que leur accorde leur clientèle, très attachée à l’artisanat. Bien que cette tendance baisse légèrement, les fleuristes représentent toujours 46 % des ventes de plantes et végétaux selon l’étude Xerfi de 2020.

L’année dernière cependant, la fête des mères avait en effet démarré sous de curieux auspices pour les artisans fleuristes : la pivoine, considérée comme l’une des fleurs préférées des Français à l’approche du printemps, a fait face à une brusque hausse de son coût. Au plus fort de cette crise miniature, le prix de la pivoine pouvait culminer à 2,75 € chez le grossiste, ce qui a conduit les fleuristes soit à afficher des prix décourageants pour leurs clients en boutique, soit à rogner sur leurs propres marges dans la majorité des cas.

 

Je trouve mon bouquet Fête des Mères

 

L’omniprésence de la production hollandaise

Quelles sont les raisons de cette hausse soudaine des tarifs ? D’une part, les pivoines sont majoritairement produites en Hollande, qui a fait face en 2021 à d’abondantes pluies qui ont retardé sa floraison et créé un hiatus entre offre et demande. D’autre part, la popularité croissante de la pivoine auprès des consommateurs a poussé les grandes surfaces à commander massivement des pivoines et à accroître artificiellement la demande auprès des grossistes, laissant peu de latitude aux fleuristes pour s’adapter.

Cet épisode illustre en creux les profondes mutations à l’œuvre sur le marché de la fleur : face à une production globalisée très largement dominée par les Pays-Bas, les artisans fleuristes disposent de peu de moyens pour mener leur métier comme ils l’entendent. Cette centralité de l’horticulture hollandaise est très largement mise en lumière par la bourse d’Aalsmeer, surnommée le Cadran, bourse par laquelle transitent presque toutes les fleurs vendues en France – y compris celles qui y sont produites.

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La surconsommation de roses rouges est encouragée par les transmetteurs floraux

Comme toute industrie, l’horticulture hollandaise est en quête de produits standards faciles à produire et résistants aux multiples voyages imposés aux végétaux. Aujourd’hui, ce végétal iconique est la rose rouge, très populaire auprès des consommateurs. Pour se défaire de la contrainte de saisonnalité et offrir des roses rouges toute l’année, les producteurs doivent se tourner vers des modes de production peu respectueux de l’environnement : délocalisation (Éthiopie, Kenya, Équateur…), usage de pesticides interdits en Europe, serres chauffées…

Les fleuristes sont donc dépendants de ces modes de production, et disposent de peu de possibilités pour ajuster leur marge. Par ailleurs, la vente de ces fleurs standards est fortement encouragée par les plateformes de transmission florale, qui équipent aujourd’hui plus de 80 % des fleuristes et demeurent bien souvent leur seul canal de vente sur Internet. Captant la majorité des ventes de fleurs sur Internet, celles-ci pratiquent un commissionnement prohibitif en défaveur du fleuriste. Une enquête de 60 Millions de consommateurs de 2021 a ainsi estimé qu’Interflora prélevait en moyenne 50 % de la valeur de chaque bouquet vendu.

Sans compter que ces plateformes imposent un catalogue de bouquets standards aux fleuristes, qui les contraint dans leur approvisionnement et entrave leur créativité. Enfin, les réseaux de transmission florale invisibilisent le travail des fleuristes, qui sont rarement crédités de leur travail.

En bout de chaîne, les fleuristes subissent donc des injonctions fortes dans la composition même de leur stock : dépendants de la production hollandaise, ils peinent à faire de la place à des fleurs françaises sur leurs étals, et les catalogues des transmetteurs floraux leur imposent par ailleurs des fleurs “best sellers” en lieu et place des fleurs de saison. Dans ces conditions, il devient difficile pour les artisans fleuristes d’exprimer pleinement leur créativité.

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    Défendre la marge des fleuristes… et leur créativité

    C’est pour répondre à cet enjeu qu’est né le collectif Sessile, qui ambitionne de lutter pour l’indépendance des fleuristes, en leur permettant de faire vivre l’art floral à la française. Partant du principe que le marché fait peser une incertitude économique sur les professionnels de la fleur, le collectif a décidé de s’orienter vers un modèle plus juste envers les fleuristes, leur permettant de fixer eux-mêmes le tarif de leurs bouquets pour ajuster leurs marges et en ponctionnant une commission plus faible. Le fait que le site n’impose pas de catalogue de bouquets standards est également une liberté supplémentaire pour les fleuristes, qui peuvent désormais proposer leurs créations florales originales, et donc faire plus de place aux fleurs de saison.

    L’objectif est de leur permettre de regagner en indépendance pour qu’ils puissent pleinement exercer leur métier et exprimer leur créativité. Comme le confie Gilles Sonnet, fleuriste à Fontaine-lès-Dijon et membre du collectif Sessile : “Contrairement aux autres acteurs du secteur, les fleuristes sont des artisans, ce n’est donc pas la marge qui nous intéresse mais le travail bien fait”.

    Concrètement, Sessile propose aux artisans fleuristes une boutique en ligne entièrement personnalisable où ils sont libres de vendre les bouquets qu’ils souhaitent à leurs conditions. Par ailleurs, le collectif entend opérer la jonction entre nécessité du commerce physique et opportunités offertes par Internet. C’est donc un modèle de digitalisation plus juste, aux antipodes du phénomène d’uberisation déjà à l’œuvre par l’entremise des plateformes de transmission florale, qui doit devenir la norme pour les artisans fleuristes.

    Pour la fête des mères par exemple, le site n’impose pas de bouquet standard, mais propose au contraire d’accéder à des bouquets reflétant davantage l’humeur et le sens esthétique de chaque fleuriste, en partant du principe qu’un bouquet est bien plus qu’un simple assemblage de fleurs. De quoi permettre à chacun de trouver une composition florale unique qui fait la part belle aux fleurs de saison.

    Qui sommes nous ?

    Sessile lutte pour l’indépendance des artisans fleuristes sur Internet. Fondé en 2019 par 6 amis, Sessile rassemble 500 fleuristes, engagés dans la transformation de la filière et permet déjà de livrer plus de 50% des Français. En brisant la logique de catalogue sur Internet, le réseau met en avant le savoir-faire de chaque fleuriste et contribue à faire vivre l’art floral. Les fleuristes peuvent faire vivre leur passion et conçoivent des bouquets plus créatifs car ils sont ainsi plus libres de proposer des fleurs de saison, des fleurs locales quand c’est possible.