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09.02.23

La filière fleur française mobilisée à l’approche de la Saint-Valentin

La Saint-Valentin 2024 va à nouveau mettre en lumière le marché mondial des fleurs coupées. Derrière les roses d’importation, qui seront massivement achetées, se cache la faiblesse structurelle de la production française. Pourtant, celle-ci ne désarme pas et possède des atouts qui pourraient lui permettre de jouer les premiers rôles dans un contexte de flambée des prix de l’énergie… à condition que les acteurs de la filière agissent de concert.

Paris le 09/02/2024 – Chaque année à l’approche de la Saint-Valentin, nombreux sont les amoureux à s’offrir des bouquets de fleurs, souvent composés de la fleur star de l’occasion, la rose rouge. L’actualité récente, qu’il s’agisse des accords commerciaux conclus entre le Kenya, principal pourvoyeur de roses, et l’Union européenne, ou du mouvement social des agriculteurs, a démontré l’intérêt de réfléchir à de nouveaux modèles agricoles.

La rose reste encore aujourd’hui la variété qui emporte la faveur des consommateurs. On peut par exemple citer les chiffres de FranceAgrimer dans une étude réalisée par Kantar, la rose reste l’indétrônable de tout bouquet, car elle représente 58 % des fleurs achetées par les français, et plus de 42 % des fleurs importées. La rose est consommée toute l’année, alors qu’il s’agit pourtant d’une fleur printanière.

La consommation qui remonte au XIXe siècle selon le géographe Bernard Calas : “L’usage de la rose est déjà répandu au XIXe siècle dans les sphères urbaines et aisées où elle fait partie de la vie quotidienne. Dans les années 1950, on observe une démocratisation de sa consommation dans un schéma assez classique : la pratique se diffuse du haut de la pyramide sociale vers le bas”. 

L’offre française étant limitée, les fleurs sont majoritairement issues de l’import

Pour répondre à cet enjeu de compétitivité des fleurs françaises, Sessile.fr, le réseau des artisans fleuristes qui lutte pour l’indépendance de la profession, a entrepris un travail de documentation et d’analyse auprès de tous les acteurs de la filière, dans l’optique de mettre en lumière les démarches de transition et montrer les efforts des horticulteurs pour répondre aux défis auxquels la filière est confrontée

En effet, la concurrence internationale et la nécessité de produire à gros volume pour être rentable rendent difficile l’exercice de la floriculture en France. “J’ai été contraint de cesser mon activité, car le faible volume de ma production ne me permettait tout simplement pas d’en vivre : sur les dix dernières années, je n’ai pu me rémunérer qu’une seule année. Comme j’ai l’habitude de le dire, il faut travailler dans l’horticulture par passion et non par appât du gain”, énumère Xavier Désiré, fleuriste et producteur francilien. Ainsi, on considère que sur les 8000 exploitations spécialisées en 1985, on n’en dénombre aujourd’hui plus que 278 selon les données diffusées par FranceAgrimer.

Une véritable demande de fleurs plus locales et plus durables

Pourtant, les consommateurs sont de plus en plus nombreux à aspirer à consommer des fleurs plus locales. “Au moment du Covid, on a senti une volonté de se tourner vers l’achat local de la part des consommateurs. Je pense que cela a été l’occasion d’un nouveau regard sur la production de fleurs en France, qui ont aussi eu un regain d’intérêt pour les fleurs saisonnières”, selon Véronique Brun, déléguée chez Verdir, la fédération des horticulteurs de France.

Cet intérêt dépasse largement le contexte du Covid, et révèle les nouvelles aspirations des consommateurs en matière d’environnement. “Nous vivons une période particulière où les enjeux de sobriété et de transition écologique sont au cœur des préoccupations des consommateurs”, abonde Claude Chailan, directeur de l’horticulture chez FranceAgrimer.

Les clients seraient même prêts à se passer de roses, pourvu qu’on leur explique pourquoi et surtout comment, à en croire Marie Ruillard de Maison Marguerite : “Certains clients sont surpris, mais dans la plupart des cas ça nous permet justement de discuter avec eux du marché et de leur montrer qu’on peut faire bien plus beau avec des fleurs françaises et de saison”. Les consommateurs seraient donc prêts à reporter leur choix vers des variétés de saison, si on leur en donnait l’opportunité. Un constat que Sessile a pu éprouver lors de la Saint-Valentin 2023, puisque 80 % des bouquets vendus à cette occasion étaient des bouquets de fleurs de saison qui ne comportaient pas de roses.

Face à la rose rouge, il est tout à fait possible de demander des fleurs de saison issues de la production française en boutique. “Franchement, je n’ai pas envie de vendre une rose qui vient d’Ethiopie à 10 euros pièce, alors qu’on a des renoncules absolument sublimes et des anémones du Var de très bonne qualité”, précise Marie Ruillard, fleuriste au Mans.

Une filière prête à montrer ses atouts

La situation de la production de fleurs françaises est-elle sans issue ? Pas si sûr… Entre labels, projets de recensement et accompagnements continus des floriculteurs français, la filière est mobilisée pour faire valoir ses différences et affirmer ses atouts. En effet, bénéficiant d’un climat très favorable, de filières d’excellence (pivoines, renoncules, anémones…), et de producteurs qui anticipent l’évolution des normes environnementales, les fleurs françaises possèdent de nombreuses qualités pour le marché français.

Pour rendre compte des atouts de la production française, et lui permettre de déterminer comment relancer la production française, les pouvoirs publics ont lancé des initiatives visant à mieux connaître l’état de la filière. C’est le cas du projet Bleu Blanc Fleurs, porté par Excellence Végétale, et dont l’un des objectifs est de recenser une population de floriculteurs encore mal connue. “Nous avons mené une étude de fond pour comprendre la nouvelle démographie des producteurs de fleurs coupées, par le biais d’une enquête menée auprès des producteurs”, précise Malorie Clair, responsable du projet.

Une réflexion environnementale à approfondir

Les horticulteurs et les fleuristes ne sont pas insensibles à la question environnementale, bien au contraire. “Les horticulteurs français sont engagés depuis très longtemps dans une réflexion sur l’impact environnemental de leur activité, en entreprenant par exemple des démarches de certification comme Plante Bleue. Par ailleurs, l’usage de phytosanitaires fait l’objet de démarches de réduction”, précise Véronique Brun, déléguée du syndicat Verdir. On peut également citer le guide de la transition écologique à destination des fleuristes de la Fédération française des artisans fleuristes (FFAF) qui diffuse les bonnes pratiques quotidiennes pour réduire l’empreinte écologique de la profession.

D’autres projets pourraient permettre d’aller plus loin pour évaluer l’impact environnemental de la production de fleurs, et notamment la mise en place d’une analyse de cycle de vie, qui permettrait d’identifier les segments de production fortement émetteurs de CO2, ou gourmands en ressources. “Les fleurs coupées et l’horticulture de manière générale sont des secteurs avec des enjeux environnementaux avérés. En effet, la plupart des fleurs consommées aujourd’hui sont issues de l’importation, donc une étude de l’impact des logistiques peut se révéler intéressante”, selon Vincent Colomb, responsable de l’affichage environnemental de l’ADEME.

De quoi permettre de mettre en valeur les bonnes pratiques de la filière, et identifier de nouvelles pistes de réflexion pour les professionnels du secteur. “Une telle initiative permettrait de mettre en valeur de nouvelles pratiques de production, plus en accord avec les enjeux de transition écologique, et sur lesquels les producteurs français sont déjà en avance”, abonde Laurent Ronco d’Astredhor.

A ce titre, une belle initiative a vu le jour dans la région Pays-de-la-Loire à l’initiative de 18 horticulteurs, avec l’appui du CNPH-Piverdière, avec la mise en place d’un projet d’écoconception des produits horticoles, notamment des légumes, plantes à massifs et pépinières, témoignant d’une volonté de construire une analyse du cycle de vie des produits horticoles, projet qui pourrait être élargi aux fleurs coupées à l’avenir. De premiers résultats seront communiqués courant 2024.

Condition sine qua non pour qu’une telle initiative voie le jour : un dialogue constructif et une démarche partenariale des acteurs de la filière. D’une part pour consolider des données fiables. “Une fois qu’on a établi le modèle, il faut passer par la collecte de données spécifiques auprès des institutions, des fournisseurs et des producteurs”, confirme Laurent Ayoun, product data manager chez Carbo, solution de calcul du bilan carbone. Une recommandation que formule également l’ADEME : “Pour s’engager dans un dispositif d’affichage environnemental, il est nécessaire de construire des références partagées via un travail collaboratif”.

Si l’affichage environnemental et l’information des consommateurs est indispensable, il est en revanche nécessaire de permettre des transformations concrètes au sein des itinéraires de production pour que la fleur de demain coïncide avec les enjeux de transition écologique.

Qui sommes nous ?

Sessile lutte pour l’indépendance des artisans fleuristes sur Internet. Fondé en 2019 par 6 amis, Sessile rassemble 500 fleuristes, engagés dans la transformation de la filière et permet déjà de livrer plus de 50% des Français. En brisant la logique de catalogue sur Internet, le réseau met en avant le savoir-faire de chaque fleuriste et contribue à faire vivre l’art floral. Les fleuristes peuvent faire vivre leur passion et conçoivent des bouquets plus créatifs car ils sont ainsi plus libres de proposer des fleurs de saison, des fleurs locales quand c’est possible.

Contact presse

Louis Savatier
Cofondateur en charge de la communication
louis@sessile.fr
06 31 15 73 74