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01.12.23

Verdir : fédérer et accompagner les horticulteurs français

Pour mieux comprendre les enjeux auxquels sont confrontés les horticulteurs français, Sessile a  rencontré Véronique Brun, déléguée aux relations interprofessionnelles de la fédération nationale des producteurs, Verdir. Malgré les difficultés que traversent les producteurs français, ils disposent de solides atouts pour tirer leur épingle du jeu.

Bonjour Madame Brun, pouvez-vous nous présenter Verdir en quelques mots ?

Bonjour, je suis Véronique Brun, et je suis déléguée aux relations interprofessionnelles chez Verdir. Verdir est la la fédération qui regroupe des entreprises de l’horticulture quelle que soit leur taille, leur production et leur marché. Notre domaine d’activité concerne aussi bien les fleurs coupées, que les plantes en pot ou les plans de légumes. 

Tous nos adhérents sont horticulteurs, et nous comptons parmi nos membres près de 500 entreprises sur les 2900 que compte le marché. Notre mission est de les accompagner et de défendre une profession qui a connu de profondes transformations ces dernières années.

Pouvez-vous nous expliquer les raisons du recul de la production française ?

Tout d’abord, depuis plusieurs années, la France a souffert de la grande force logistique des Pays-Bas qui est une plaque tournante de la fleur coupée depuis des années. Aujourd’hui, compte tenu de la configuration logistique, il est parfois plus facile de faire venir des fleurs de Hollande que du sud de la France.

Par ailleurs, l’augmentation continue du prix de l’énergie a remis en question le modèle de production sous serre chauffée qui était de moins en moins rentable. Cette situation a poussé à consommer des fleurs qui ont poussé dans des zones de production plus favorables comme le Kenya ou l’Equateur. 

Enfin, la production française connaît un rythme saccadé : elle propose de nombreuses variétés à la belle saison, mais beaucoup moins en hiver, ce qui pousse à s’approvisionner en fleurs d’import. En revanche, on sent clairement que les choses sont en train de changer.

Pouvez-vous nous en dire plus à ce sujet ?

Du côté des producteurs, ces obstacles ont davantage été l’occasion de changements de pratiques que d’un coup d’arrêt : par exemple, l’augmentation du prix de l’énergie a rendu moins intéressante la culture sous serre chauffée et a poussé les producteurs à se tourner vers des fleurs de pleine terre comme la pivoine. 

Côté consommateur, depuis le Covid, on a senti une volonté de se tourner vers l’achat local. Je pense que cela a été l’occasion d’un nouveau regard sur la production de fleurs en France, qui ont aussi eu un regain d’intérêt pour les fleurs saisonnières. On assiste à la même prise de conscience que pour les fraises en hiver : les consommateurs sont plus attentifs à ce qu’ils achètent en fonction de la saison.  

C’est très positif que les acheteurs de fleurs finissent par se poser la question : comme la fleur n’est pas un produit alimentaire, ce déclic a sans doute mis un peu plus de temps à se produire. 

Il ne faut pas oublier un point essentiel : c’est bien la demande qui crée la mise en production : à la fin, c’est toujours le consommateur qui est juge. S’ils sont nombreux à vouloir se procurer de la fleur française et de saison, cela va automatiquement stimuler l’offre, et encourager les producteurs dans leur démarche. 

La particularité de la demande en fleurs coupées est qu’elle s’est longtemps centrée autour de quelques espèces phares ; aujourd’hui on commence à voir davantage de diversité. On a aussi eu l’impression que les fleuristes boudaient un peu les nouveautés qu’on pouvait leur proposer. Mais ces changements peuvent prendre du temps, car il faut garder à l’esprit que de mettre de nouvelles variétés sur le marché peut prendre du temps car elles doivent être testées plusieurs années en stations d’expérimentation pour s’assurer de leur tenue en vase avant d’être proposées à la vente. 

Rejoignez-nous

Quels sont les atouts de la production française selon vous ?

Ils sont nombreux ! Tout d’abord, la France a un climat particulièrement favorable à la production de fleurs, et certaines variétés saisonnières peuvent s’épanouir sous nos latitudes sans serres chauffées, comme c’est le cas de la pivoine du Var.

Ensuite, la France produit de très nombreuses variétés de fleurs, même s’il est difficile d’en évaluer précisément le nombre. Cette profusion d’espèces permet d’envisager de nombreuses innovations de consommation.

Enfin, les horticulteurs français sont engagés depuis très longtemps dans une réflexion sur l’impact environnemental de leur activité, en entreprenant par exemple des démarches de certification comme Plante Bleue. Par ailleurs, l’usage de phytosanitaires fait l’objet de démarches de réduction, notamment à travers la mise en place de la protection biologique intégrée (PBI), qui consiste à substituer l’usage de pesticides par l’introduction de prédateurs dans les cultures. 

Quel est votre principal enjeu pour la filière de demain ?

Je dirais qu’il y en a deux. Le premier, c’est de continuer à accompagner les producteurs vers la rentabilité en permettant la structuration de leur activité. Cela passe par du conseil, mais aussi de l’accompagnement pour qu’ils se structurent en organisation de producteurs. 

La seconde, c’est de trouver des manières de mettre en valeur les professions du végétal pour susciter les vocations. Sur ce dernier point, il faut tout de même préciser qu’on sent un très net regain d’intérêt pour les métiers de l’horticulture. Par exemple, nous voyons énormément de personnes en reconversion ouvrir leur exploitation : il s’agit souvent d’un choix de vie, dans la mesure où ces personnes souhaitent exercer un métier qui correspond davantage à leurs valeurs, ce qui est une excellente chose. 

Comme ils ne sont pas nécessairement issus du milieu agricole, il est essentiel  pour Verdir de les accompagner pour qu’ils bénéficient de la meilleure information possible. 

Qui sommes nous ?

Sessile lutte pour l’indépendance des artisans fleuristes sur Internet. Fondé en 2019 par 6 amis, Sessile rassemble 500 fleuristes, engagés dans la transformation de la filière et permet déjà de livrer plus de 50% des Français. En brisant la logique de catalogue sur Internet, le réseau met en avant le savoir-faire de chaque fleuriste et contribue à faire vivre l’art floral. Les fleuristes peuvent faire vivre leur passion et conçoivent des bouquets plus créatifs car ils sont ainsi plus libres de proposer des fleurs de saison, des fleurs locales quand c’est possible.