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24.11.23

Maison Marguerite, une fleuriste éco-responsable

Marie de Maison Marguerite, évoque pour Sessile les raisons pour lesquelles elle fait le choix de privilégier les fleurs françaises : saison, prix, moindre impact environnemental, nombreux sont les atouts des fleurs qui ont poussé en France. En revanche, le 100 % français est difficile à envisager sur un marché où les importations représentent encore 85 % des fleurs vendues.

Bonjour Marie, est-ce que tu peux nous parler de ton parcours et de celui de Maison Marguerite ?

Je suis Marie Ruillard et je suis fleuriste au Mans. J’ai ouvert Maison Marguerite avec ma sœur Julie en 2016 : on rêvait depuis toute petite d’ouvrir notre propre boutique toutes les deux ! Le nom de notre boutique est un hommage à notre arrière grand-mère Marguerite qui était aussi commerçante et qui avait le bon goût d’avoir un nom de fleur. En 2021 nous avons ouvert une seconde boutique, Marcotte, spécialisée dans les fleurs séchées et les plantes en pot. 

Julie est une commerçante dans l’âme, et c’est qui s’occupe de l’aspect commercial et  marketing, et moi je suis la directrice artistique de la maison ! On travaille bien ensemble parce qu’on a deux profils vraiment complémentaires.

Tu qualifies Maison Marguerite de fleuriste éco-responsable, tu peux nous expliquer le concept en quelques mots ? 

L’histoire de notre réflexion sur l’impact de notre métier vient d’abord de nos habitudes : on fait le tri sélectif, on fait gaffe à ce qu’on mange, et on regarde d’où viennent les produits qu’on consomme. De fil en aiguille, on a commencé à mener une vraie réflexion sur la gestion de nos déchets en boutique, ça nous paraissait compliqué d’utiliser des housses en plastique sans savoir ce que ça devenait derrière. 

On a donc commencé à chercher des solutions. Par exemple, nos produits ménagers sont achetés en vrac auprès de commerçants locaux et on travaille avec une association qui vient collecter nos déchets végétaux pour en faire du compost : c’était déjà une belle étape. On vend aussi certains végétaux via Phénix, une application anti-gaspi : certains sont plantés dans les jardins de nos clients et fleurissent de nouveau l’année d’après !

Et j’imagine que cet engagement passe aussi par le fait de proposer des fleurs françaises en priorité ?

Tout à fait, chez Maison Marguerite on essaie de faire travailler les producteurs locaux en priorité. En fonction des saisons, la boutique propose entre 60 et 85 % de fleurs françaises : c’est plus facile à la belle saison, donc on fait presque intégralement du français. 

Aujourd’hui, nous sommes en contact avec 7 ou 8 producteurs de la Sarthe avec lesquels nous travaillons régulièrement. J’ai même reçu en boutique une aspirante floricultrice qui ne s’est pas encore installée et qui est venue nous demander notre avis sur les variétés qu’elle pourrait cultiver ! Ca permet de créer des écosystèmes locaux, et on sait avec qui on travaille. 

L’avantage des fleurs françaises est évident : les fleurs sont coupées le matin et vendues l’après-midi même. Comme elles ne voyagent pas ou peu, ça n’a rien à voir en matière de fraîcheur. En plus nous aimons bien proposer des fleurs qui sortent de l’ordinaire et des standards : chacun de nos bouquets raconte une histoire particulière, et je crois même que ce qui les rend beaux c’est qu’ils s’éloignent de la norme.

En plus, contrairement aux idées reçues, je ne les trouve pas forcément plus chères que les fleurs importées : comme elles ne voyagent pas, on ne paie pas le prix du trajet. Et avec le prix de l’énergie ces deux dernières années, je ne sais même pas si les fleurs importées sont si compétitives.

En revanche, il faut bien le dire, c’est impossible de travailler exclusivement avec de la fleur française compte tenu de l’organisation du marché. L’offre en France est trop réduite pour que ce soit le cas, et certaines saisons comme l’hiver, il faut aussi faire appel à des fleurs d’import si on veut conserver nos emplois et c’est évidemment la priorité. Enfin, il y a une contrainte de diversité de fleurs proposées en boutiques.

Le souci quand on achète des fleurs qui proviennent des Pays-Bas, c’est qu’on ne sait pas toujours d’où elles viennent réellement : c’est justement pour ça qu’on mène notre enquête. On essaie de faire au mieux avec l’existant. 

C’est pour cette raison que même quand les fleurs viennent de l’étranger, nous ne voulons pas proposer n’importe quoi à nos clients : je mène donc un travail d’enquête sur les fermes florales d’où proviennent les fleurs que j’achète. Le plus important, c’est vraiment de réduire les distances parcourues par les fleurs. Quand on propose des fleurs qui viennent de Hollande,  c’est toujours un compromis : s’il existait une alternative française, on les proposerait avec plaisir. Mais dans les saisons creuses comme en hiver, on doit le faire pour proposer un minimum de variétés à nos clients. 

Par contre, celles qui viennent de l’autre bout du monde, c’est non. Même les roses “commerce équitable” : je ne doute pas que ça parte d’une excellente intention, mais je préfère quand même faire fonctionner les producteurs du coin plutôt que de faire acheminer des fleurs en avion. 

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Apparemment, chez Maison Marguerite, vous êtes assez radicales à l’approche de la Saint-Valentin…

(Rire) Oui c’est vrai qu’on a pris une décision très claire pour la Saint-Valentin : on ne vend pas de rose rouge ! Tout le monde a cru que j’étais folle… Mais franchement, on n’a pas envie de vendre une rose qui vient d’Ethiopie à 10 euros pièce, alors qu’on a des renoncules absolument sublimes et des anémones du Var de très bonne qualité. Certains clients sont surpris, mais dans la plupart des cas ça nous permet justement de discuter avec eux du marché et de leur montrer qu’on peut faire bien plus beau avec des fleurs françaises et de saison.

D’ailleurs on avait même fait un sondage auprès de nos clients pour savoir quelles fleurs ils préféreraient recevoir pour la Saint-Valentin, et les résultats étaient incontestables : la rose n’était pas le premier choix, et même pas sur le podium. Je pense qu’il y a un imaginaire fort qui s’est construit autour de la rose, mais je le trouve un peu vieillot. 

Pour résumer, l’essentiel, c’est que les clients soient au courant de ce qu’ils achètent, et pour ça il faut que le fleuriste fasse preuve de pédagogie. C’est pour ça qu’on a décidé d’indiquer systématiquement la provenance des fleurs sur des pancartes. L’idée ce n’est pas de faire la morale au client, c’est de lui donner la bonne information pour qu’il fasse son choix en son âme et conscience. 

Est-ce que le fait de travailler avec des plateformes de transmission florale n’est pas trop contraignant pour composer ton stock ?

Si, et c’est bien pour cette raison qu’on a décidé de ne pas travailler avec eux. Comme je l’ai dit plus tôt, c’est déjà suffisamment compliqué de m’approvisionner sans que je m’ajoute des obstacles supplémentaires. C’est aussi pour ça que j’aime bien travailler avec Sessile, parce que je choisis les bouquets que j’ai envie de proposer à mes clients, avec les fleurs que j’aime. 

A ton avis, comment on peut faire bouger les choses ?

En prenant son temps ! En laissant aux fleuristes le temps de faire leur mue, en laissant les producteurs qui ont une vocation s’installer, en laissant les clients découvrir les variétés de saison. Et en continuant patiemment à faire les choses bien, celles qui sont à notre portée. Le marché a dérivé doucement, et je pense que c’est doucement qu’il va se remettre dans l’axe. 

C’est une démarche globale : il faut expliquer, faire preuve de pédagogie, et surtout pas donner l’impression qu’on fait la leçon aux autres, sinon on arrive à rien. 

Qui sommes nous ?

Sessile lutte pour l’indépendance des artisans fleuristes sur Internet. Fondé en 2019 par 6 amis, Sessile rassemble 500 fleuristes, engagés dans la transformation de la filière et permet déjà de livrer plus de 50% des Français. En brisant la logique de catalogue sur Internet, le réseau met en avant le savoir-faire de chaque fleuriste et contribue à faire vivre l’art floral. Les fleuristes peuvent faire vivre leur passion et conçoivent des bouquets plus créatifs car ils sont ainsi plus libres de proposer des fleurs de saison, des fleurs locales quand c’est possible.