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13.05.24

Force de Fleurs : l'amour de la pivoine

Le printemps s’est désormais bien installé et vous commencez peut-être déjà à trouver des pivoines sur les étals de votre fleuriste préféré. Comme chez Sessile nous savons qu’il s’agit d’une fleur que vous appréciez particulièrement, nous avons interrogé Matthieu Lecuire, qui travaille à Force de Fleur, un producteur de pivoines situé dans le Var. Il nous dit tout des spécificités de la pivoine et du quotidien d’un horticulteur.

Bonjour Matthieu, est-ce que vous pouvez en quelques mots nous raconter l’histoire de Force de Fleurs ?

Force de Fleurs est née en 1995, lorsque mes beaux-parents hollandais ont décidé de venir s’installer en France pour y cultiver des fleurs ; ils ont commencé à cultiver 4 hectares et peu à peu, ils ont étendu l’exploitation. Aujourd’hui ce sont 10 hectares qui sont exploités, principalement pour la culture de pivoines, mais aussi quelques pieds d’alouette, Daucus (fleurs de carotte), Sedum, Ferula ou encore des tournesols, . Nous cultivons aussi du tournesol, des agrumes et des fruits de la passion. 

Mon beau-père a eu du flair car il a commencé à cultiver des pivoines bien avant que ce soit la mode ! Aujourd’hui, il s’agit d’une fleur particulièrement cultivée dans le Var où il existe un vrai savoir-faire et un climat extrêmement propice à son épanouissement. En général, en raison du climat favorable, les producteurs varois sont les premiers à proposer des pivoines sur les marchés.

La culture de la pivoine est évidemment extrêmement saisonnière. Nous sommes 5 à travailler sur l’exploitation toute l’année, mais l’équipe peut monter jusqu’à 20 personnes entre mi avril et mi mai. Même en basse saison, on ne manque pas de travail : il faut s’occuper de l’irrigation, des clôtures, de l’administratif et surtout des fleurs d’hiver que nous cultivons.

Nous vendons nos pivoines sur le marché hollandais, sur le marché aux fleurs d’Hyères et en direct auprès des fleuristes. Pour les fleuristes, tout ceci s’est fait au moment du confinement, lorsque les marchés étaient fermés. Désormais, nombre d’entre eux sont très satisfaits de traiter directement avec nous.

Quelles sont les principales difficultés que rencontrent les horticulteurs au quotidien ?

Comme toutes les professions agricoles, nous sommes extrêmement sensibles aux aléas climatiques qui peuvent totalement ruiner les récoltes. Par exemple, nous avons connu un épisode de gel il y a quelques années ; nous redoutons particulièrement la grêle également ! 

Par ailleurs, la culture de la pivoine introduit une complexité supplémentaire : il s’agit d’une fleur qui a besoin de connaître un choc pour s’épanouir ; il faut donc qu’elle soit exposée à un épisode de gel en hiver. Si les températures sont trop hautes en hiver, la qualité des pivoines s’en ressent.  

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Comment ressentez-vous la concurrence des fleurs d’importation ?

En ce qui concerne la pivoine, nous sommes relativement préservés car nous sommes très favorisés pour sa culture. Par ailleurs, comme la pivoine a besoin d’un épisode de gel, sa culture est rendue très difficile en Afrique et en Amérique du Sud qui sont de gros producteurs de fleurs. Eux se concentrent énormément sur la rose, que les producteurs du sud de la France ont progressivement délaissé.

En effet, la rose nécessite une chaleur relativement constante et un fort taux d’ensoleillement : pour la produire en France, il faut donc la faire pousser sous serre chauffée au fioul, ce qui est de moins en moins intéressant économiquement. Elle est aussi bien plus fragile et nécessite de nombreux traitements et intrants pour être de bonne qualité.

Les producteurs du Var se sont donc réorientés vers des variétés méditerranéennes dont la pivoine, qui présente l’avantage de pousser dans les conditions climatiques naturellement offertes par notre région. En plus de cela, la pivoine est très robuste et a donc besoin de beaucoup moins de produits phytosanitaires. 

Quel est l’avantage de la pivoine par rapport aux fleurs d’importation ?

Son premier atout et que contrairement à d’autres fleurs qui sont acheminées en avion cargo réfrigéré, la pivoine du Var voyage beaucoup moins. D’un point de vue écologique, elle est donc beaucoup plus responsable. En plus chez Force de Fleurs nous essayons au maximum de limiter l’impact environnemental de notre production : nous employons par exemple des engrais bio. C’est vraiment quelque chose que nous essayons d’insuffler avec ma femme Cat. D’ailleurs, nous sommes aussi accompagnés par le Marché aux fleurs d’Hyères pour mettre progressivement en place des bonnes pratiques. 

Le second avantage que j’y vois, c’est la qualité. Nous sommes extrêmement attentifs au moindre détail pour proposer des fleurs irréprochables. Tout compte, c’est pourquoi nous sélectionnons et formons soigneusement les coupeurs, car il faut couper les pivoines à un stade de maturité très précis, ce qui a une grande incidence sur sa qualité. 

Comment on détermine le prix des fleurs ?

De notre côté, nous faisons confiance aux indices qui nous sont donnés par le Marché aux fleurs d’Hyères : ils fonctionnent sur un modèle d’enchères inversées. On suit le cours qui nous est communiqué et on s’adapte en conséquence. Evidemment, les prix varient énormément en très peu de temps : la pivoine n’est disponible que deux mois, et sur une période où on compte la fête des mères. Dans notre région, nous sommes les premiers à avoir des pivoines, donc les premières peuvent se vendre à des prix assez élevés. 

Mais ce qui va être déterminant dans la fixation des prix c’est évidemment la qualité des fleurs vendues. Dans le Var les prix peuvent parfois être assez hauts, mais c’est parce que les pivoines qui y sont cultivées sont souvent de qualité supérieure. 

De manière générale, les producteurs de pivoines s’en sortent plutôt bien en matière de rentabilité : il s’agit d’une fleur qui est très prisée et très attendue, ce qui permet aux producteurs de plutôt bien vivre de leur métier. 

Je pense que c’est en grande partie en raison du positionnement qu’ont choisi les horticulteurs du Var : plutôt que d’essayer de faire concurrence à la rose importée par rapport à laquelle ils ne pourraient pas être compétitifs en raison de taxes douanières très basses et de main-d’oeuvre peu coûteuse, ils ont pris le parti de s’orienter vers une gamme de niche avec la pivoine et ont donc bien tiré leur épingle du jeu. 

Qui sommes nous ?

Sessile lutte pour l’indépendance des artisans fleuristes sur Internet. Fondé en 2019 par 6 amis, Sessile rassemble 500 fleuristes, engagés dans la transformation de la filière et permet déjà de livrer plus de 50% des Français. En brisant la logique de catalogue sur Internet, le réseau met en avant le savoir-faire de chaque fleuriste et contribue à faire vivre l’art floral. Les fleuristes peuvent faire vivre leur passion et conçoivent des bouquets plus créatifs car ils sont ainsi plus libres de proposer des fleurs de saison, des fleurs locales quand c’est possible.