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18.01.24

Calculer le bilan carbone des fleurs ? L'avis d'un spécialiste !

Comme tous les produits que nous consommons au quotidien, les fleurs ont besoin d’énergie et d’eau pour s’épanouir, et leur culture et leur transport ont donc un impact sur notre environnement. Comment faire pour calculer leur impact et bien choisir les variétés les plus responsables ? Nous avons posé la question à Laurent Ayoun Data Product Manager chez Carbo, dont la mission est d’accélérer la prise de conscience environnementale pour réduire nos émissions.

Parlez-nous un peu de vous et de Carbo !

Je suis Laurent Ayoun et je suis data product manager chez Carbo. Je travaillais auparavant à la Commission de Régulation de l’Energie. Très concerné par toutes les problématiques liées au changement climatique, j’ai décidé de m’engager pour un projet qui permettait de réduire les émissions.Pour moi la façon la plus pertinente d’impulser des changements profonds dans les comportements, c’est de construire de meilleures informations environnementales, et de les diffuser le plus largement possible. 

C’est pourquoi j’ai posé mes valises chez Carbo, entreprise qui développe une solution de calcul de bilan carbone qui s’adresse aussi bien aux entreprises qu’aux particuliers. Mon objectif c’est d’améliorer notre calculateur pour qu’il soit plus complet, c’est-à-dire de prendre plus d’indicateurs en considération, et plus précis. Mon deuxième objectif est de réduire le temps de collecte, et de fournir des résultats pertinents qui permettent d’agir et de réduire les émissions. 

Est-ce que vous pouvez nous expliquer en quelques mots en quoi consiste un bilan carbone ? Une analyse de cycle de vie ?

Il faut commencer par bien distinguer les deux. Chez Carbo, nous sommes spécialisés en bilan carbone, à savoir le calcul de l’équivalent CO2 émis par la fabrication d’un produit ou la conduite de ses activités quotidiennes par exemple, et qui a un impact direct sur le climat.

Une analyse de cycle de vie va intégrer des critères plus larges : selon la réglementation PEF (NDLR : product environnemental footprint), il existe 15 indicateurs supplémentaires en plus des émissions carbones pour construire une analyse de cycle de vie (ACV) au sens réglementaire du terme. C’est une procédure beaucoup plus complexe à mettre en place, et les indicateurs ne parlent pas toujours aux consommateurs ou aux utilisateurs. En revanche, une ACV permet de mettre en lumière d’autres facteurs environnementaux qui peuvent parfois être omis dans un bilan carbone, comme la consommation d’eau. 

Dans l’une comme dans l’autre, la démarche consiste à identifier des facteurs générateurs d’externalités négatives pour l’environnement : dans le cadre d’un bilan carbone, on parle de facteurs d’émission, c’est-à-dire le ratio entre la quantité de gaz à effet de serre émis par la conception d’un bien ou d’un service et la quantité de ce bien ou service produit. Par exemple, la quantité de carbone émis pour chaque tige de fleur produite, ou chaque m² cultivé. Cette étape permet d’identifier les étapes de transformation, utilisation et distribution les plus fortement émettrices de CO2.

Dans le cadre d’une analyse d’une fleur coupée, une analyse plus large que le bilan carbone permettrait de voir d’autres facteurs environnementaux.  En effet, il peut par exemple être intéressant de mettre en lumière la consommation d’eau, puisqu’on pourrait facilement trouver des données qui parlent, comme la quantité d’eau consommée au m², d’autant plus que la production de fleurs dans des pays tropicaux comme le Kenya ou l’Ethiopie nécessite une irrigation intensive dans des pays où l’eau se fait rare, ce qui est aussi un impact environnemental à prendre en considération.

Le plus important quand on entreprend une démarche d’affichage environnemental, c’est de bien définir ses indicateurs de départ. Il faut d’une part que les données soient faciles à collecter, et que la donnée affichée puisse être actionnable par les industriels ou les producteurs, et facilement compréhensible par les consommateurs ou les usagers, et ait du sens d’un point de vue du changement climatique.

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Comment construire une ACV de la fleur coupée ?

Il faut commencer par déterminer ce qu’on souhaite analyser. J’imagine que toutes les fleurs n’ont pas besoin des mêmes quantités d’énergie et d’eau pour pousser, et donc ne nécessitent pas la même quantité d’énergie, et faire l’analyse de l’ensemble des variétés de fleurs pourrait vite devenir fastidieux. Je recommanderais donc de limiter l’analyse soit à quelques variétés, par exemple celles qui sont le plus vendues, ou à un type de culture, comme la production sous serre chauffée.     

Ensuite, la priorité doit être de cartographier les flux, bien qu’il soit difficile de le faire de manière exhaustive, d’où l’intérêt de construire des modèles, même schématiques. Il faut donc par exemple, dans le cas de la fleur, choisir parmi les variétés les plus vendues, et déterminer leur parcours type. 

Comment est-ce que c’est transformé, et avec quel type d’énergie ? Pour quel nombre de tiges ? Par quels modes de transports les fleurs sont-elles acheminées et quel est leur parcours ? Cela permettrait d’établir un modèle certes simplifié mais qui donnerait déjà de bonnes indications. 

Une fois qu’on a établi le modèle, il faut passer par la collecte de données spécifiques auprès des institutions, des fournisseurs ou des producteurs. Quelle quantité d’énergie est nécessaire pour produire un certain nombre de telle ou telle variétés ? Je pense que la sollicitation des acteurs de la filière est à cet égard une étape indispensable.

Je pense que pour les données transports, on pourrait à la rigueur s’appuyer sur des données publiques déjà disponibles, dans la mesure où des travaux ont dû être réalisés pour les denrées alimentaires par l’ADEME. C’est une évidence : plus les données collectées sont solides, plus les indicateurs seront fiables. 

Est-ce que c’est pertinent d’entreprendre une telle démarche sur le marché de la fleur ?

Je pars du principe que les initiatives qui permettent de donner plus de transparence sur la chaîne de valeur sont bonnes à prendre, et que toutes les actions qui ne sont pas du greenwashing et qui visent à donner une meilleure information aux consommateurs vont dans le bon sens. De mon point de vue, les actions prioritaires sont celles qui permettent de réduire la consommation d’énergies fossiles dans les étapes de production, de transports et d’utilisation.  

Sur le marché de la fleur, il y a beaucoup à faire, mais il est possible de s’orienter vers une consommation bien plus raisonnable sur ce point. Aujourd’hui, évidemment, on peut avoir peur de consommer des fleurs qui viennent de l’autre bout du monde, parce que les transports émettent beaucoup de CO2. S’orienter vers des variétés plus locales et qui par définition voyagent moins, c’est donc un bon premier réflexe à adopter. 

Qui sommes nous ?

Sessile lutte pour l’indépendance des artisans fleuristes sur Internet. Fondé en 2019 par 6 amis, Sessile rassemble 500 fleuristes, engagés dans la transformation de la filière et permet déjà de livrer plus de 50% des Français. En brisant la logique de catalogue sur Internet, le réseau met en avant le savoir-faire de chaque fleuriste et contribue à faire vivre l’art floral. Les fleuristes peuvent faire vivre leur passion et conçoivent des bouquets plus créatifs car ils sont ainsi plus libres de proposer des fleurs de saison, des fleurs locales quand c’est possible.