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11.07.24

Apothéose, la passion des fleurs

Pour comprendre le métier de fleuriste, son quotidien et ses perspectives d’avenir, nous avons décidé de donner la parole à plusieurs fleuristes. Twinnie Cano, fleuriste à Caen dans sa boutique Apothéose, nous livre ses sentiments sur la situation des professionnels de la fleur.

Bonjour Twinnie, pouvez-vous nous dire un mot sur votre parcours ?

Depuis toute petite j’ai toujours été attirée par l’art de manière générale ! J’ai donc passé un bac littéraire option art plastique, puis j’ai continué avec une prépa art. A partir de ce moment j’ai expérimenté de nombreux jobs, et c’est en tant que livreuse que j’ai pû découvrir le métier de fleuriste. J’ai donc choisi de passer les diplômes pour pouvoir exercer ce métier. 

En tant que fleuriste, on peut dire que j’ai eu l’occasion d’expérimenter toutes les facettes du métier : j’ai travaillé exclusivement sur l’événementiel, j’ai été fleuriste sur les marchés, et depuis quelques temps maintenant j’ai ouvert ma boutique Apothéose à Caen. J’adore travailler en boutique, parce que la relation clientèle c’est vraiment mon truc, mais je crois que c’est l’événementiel qui me plaisait le plus, parce qu’on a l’occasion de travailler sur des grands décors, et ça change complètement la perception qu’on a de la création florale. 

En parlant d’études, pouvez-vous nous expliquer comment ça se passe ?

Il existe plusieurs niveaux de certification pour devenir fleuriste. La première étape, c’est de passer le CAP en 1 an, ensuite on peut passer le brevet professionnel en 2 ans, puis viennent ensuite le brevet de maîtrise et le brevet de maîtrise supérieure, où les fleuristes s’attachent surtout à perfectionner leur technique. De mon côté, j’ai d’abord passé mon CAP, puis mon BP en alternance. 

Côté enseignement, c’est plutôt généraliste : on apprend aussi bien la technique d’art floral  et le dessin que la botanique. On y dispense aussi des disciplines très pratiques pour gérer son commerce, comme du droit ou du marketing. L’idée, c’est qu’à la sortie des études on soit en capacité de gérer notre commerce et de composer des bouquets qui nous ressemblent. Une formation très complète donc ! 

On dirait qu’il faut savoir tout faire quand on est fleuriste ; c’est quoi votre journée type ?

Ça commence en général très, très tôt, surtout les jours où je m’approvisionne chez mon fournisseur, environ 3 fois par semaine, où je commence à 1h du matin. Je passe beaucoup de temps à les choisir jusqu’à ce qu’elles me plaisent ; ensuite je les charge dans ma camionnette, direction la boutique. 

Une fois la camionnette déchargée, je passe du temps à nettoyer toutes les fleurs, et à tout recouper. Je m’occupe ensuite de ma boutique, je refais les étals et je compose les bouquets de présentation. Il y a aussi pas mal de gestion administrative, de compta… Les journées sont bien remplies en général ! Et à la fin de la journée, je pars en tournée pour livrer les bouquets à domicile.

Il faut savoir que quand on est fleuriste, on ne peut jamais finir ce qu’on commence, on est toujours interrompu ! Le téléphone sonne, un client arrive, on a un peu de ménage à faire… C’est toujours la course. Il faut être capable de s’adapter en permanence.

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C’est quoi être fleuriste aujourd’hui ?

Ça fait environ 18 ans que je suis fleuriste, et c’est vrai que le métier a considérablement changé dans cet intervalle. A titre personnel, je trouve que le métier est très difficile. Déjà en matière de prix, les temps sont durs : les prix des fleurs ont flambé, et si on veut rester compétitifs et ne pas faire fuir le client, nous sommes obligés de sacrifier nos marges. C’est de plus en plus difficile de gagner correctement sa vie. 

Au-delà de ça, je suis assez surprise du manque de considération pour notre profession : on a l’impression qu’on intéresse pas le gouvernement ! Pourtant, on est indispensables : les fleuristes sont là pour tous les moments les plus importants de la vie, les plus joyeux comme les mariages, et les plus dignes comme les deuils. Nous avons un vrai rôle social, il ne faut pas l’oublier !

Au-delà de ça, il existe des contraintes comme la transmission florale, où les bouquets qu’on nous demande de réaliser ne sont pas adaptés à ce qu’on veut faire. Et on est de plus en plus confrontés à des problématiques d’approvisionnement : par exemple à Caen, il n’y a plus qu’un fournisseur. Et parfois, ceux-ci vous imposent une quantité minimale… J’ai donc dû m’associer à une autre fleuriste pour qu’on fasse les achats ensemble. 

Qu’est-ce qui vous passionne le plus dans votre métier ?

Je le redis, oui le métier est difficile, mais attention : je suis une vraie passionnée, et je vais travailler tous les jours avec bonheur. Il y a beaucoup de choses qui me remplissent de satisfaction au quotidien. J’ai une clientèle d’habitués et de gens que j’apprécie, ce qui est vraiment essentiel pour moi. Ça peut paraître anodin, mais rien qu’un compliment sur ma décoration, sur laquelle je passe énormément de temps, ça fait ma journée. 

Et puis il faut dire que travailler le végétal, c’est extrêmement gratifiant : quand on prend soin d’une plante, elle vous le rend bien. J’adore aussi l’aspect en perpétuelle évolution de mon métier : j’apprends sans cesse, je découvre de nouvelles variétés, et je suis la tendance pour proposer de nouvelles compositions à mes clients. J’essaie aussi de nouvelles choses comme les décors en fleurs artificielles, ce qui me permet de découvrir une nouvelle façon de travailler les formes et les couleurs, c’est intéressant. 

Un autre aspect qui me rend fier, c’est que nous fleuristes on est en quelque sorte des défenseurs de l’artisanat. En tout cas dans ma boutique, j’essaie d’offrir une place à l’artisanat local : je travaille avec une artiste qui fait des bijoux de peaux par exemple, ou j’organise un salon de thé dans ma boutique tous les samedi pour faire découvrir les gâteaux d’un artisan local. 

Donc pour résumer : j’aime mon métier passionnément !

C’est quoi pour vous le fleuriste de demain ?

Pour moi le premier changement qui doit s’opérer c’est de prendre en compte les nouvelles exigences climatiques. Je trouve que dans notre profession on est par exemple bien trop dépendants des emballages plastiques et on pourrait faire des efforts. En tant que professionnels du végétal, nous avons un rôle à jouer pour transmettre les bonnes pratiques environnementales. 

Un autre aspect que j’aimerais voir davantage présent, c’est la mise en avant de la production locale. On a très peu d’informations à ce sujet ! Je suis par exemple allé voir la chambre du commerce et de l’industrie pour avoir un annuaire des producteurs de fleurs, mais visiblement ça n’existe pas encore et c’est dommage. 

A titre personnel, j’aimerais aussi qu’on réinvente un imaginaire autour de la consommation de fleurs. Je suis toujours un peu déçue de voir tant de roses rouges, souvent au détriment d’autres variétés peu mises en avant. Mon regret par exemple, c’est qu’on continue à considérer que l’œillet porte malheur ! Nous devrions raconter une autre histoire des fleurs aux jeunes générations pour changer les pratiques.

Qui sommes nous ?

Sessile lutte pour l’indépendance des artisans fleuristes sur Internet. Fondé en 2019 par 6 amis, Sessile rassemble 500 fleuristes, engagés dans la transformation de la filière et permet déjà de livrer plus de 50% des Français. En brisant la logique de catalogue sur Internet, le réseau met en avant le savoir-faire de chaque fleuriste et contribue à faire vivre l’art floral. Les fleuristes peuvent faire vivre leur passion et conçoivent des bouquets plus créatifs car ils sont ainsi plus libres de proposer des fleurs de saison, des fleurs locales quand c’est possible.