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10.03.25

Floribalyse : comment nous allons procéder

Pour répondre aux enjeux de la filière fleurs coupées, confrontée à des nombreux défis (économiques, environnementaux, sanitaires…), Sessile a lancé le projet Floribalyse pour collecter les données de production de fleurs et les rendre accessibles aux professionnels de la filière. Cet article vous propose de comprendre la méthode et les ambitions qui nous animent dans la conduite du projet.

La donnée comme outil d’aide à la décision

La fleur coupée est régulièrement l’objet de critiques sur son aspect environnemental, et est décriée pour l’usage de pesticides. Pour permettre de nuancer les constats régulièrement avancés dans la presse tout en prenant au sérieux les enjeux qui se présentent à la filière (sanitaire, économique, environnemental, social…). S’appuyer sur des données chiffrées permettra à l’ensemble des acteurs de sortir des postures de principe et d’éviter l’écueil du green washing. 

C’est pourquoi nous considérons que la meilleure façon de répondre aux critiques dont la fleur est l’objet, la première étape est de comprendre comment est configuré le marché. C’est en analysant l’état de la production et la distribution que nous serons en mesure de déterminer comment chacun des acteurs peut agir en faveur d’une fleur durable. Le premier enjeu de Floribalyse est donc de doter la filière d’une base de données commune qui permette de dresser un portrait fidèle de la production de fleurs coupées en France et à l’étranger.

Ces données nous permettront de définir des modèles de production à la fois désirables et efficaces et nous permettront de faire des recommandations : 

  • Aux professionnels du végétal pour qu’ils adoptent les bons gestes ;
  • Aux consommateurs pour qu’ils puissent s’orienter vers les variétés les plus respectueuses de l’environnement s’ils le souhaitent ; 
  • Aux pouvoirs publics pour qu’ils créent un cadre réglementaire propice. 

Une démarche collective, du producteur au fleuriste

Pour comprendre au-delà des intérêts des acteurs de la filière, il est indispensable de réunir l’ensemble des acteurs autour de la table pour construire un outil qui soit utile à tous, et qui tienne compte des intérêts de chacun. La méthode Floribalyse, c’est aussi de construire des ponts entre les différentes familles de la profession.  

C’est pourquoi nous concentrons nos premiers efforts sur la constitution d’un collectif particulièrement représentatif des métiers de la filière, constitué de producteurs, de grossistes, de fleuristes, d’instituts techniques et de recherche. D’une part, parce que chacun de ces acteurs est en réalité déjà engagé dans la transformation de la filière et la prise en compte des défis environnementaux et sanitaires auxquels elle est confrontée. D’autre part, plus le collectif de professionnels est large, plus notre modèle de calcul sera à même de représenter finement la morphologie de la production de fleurs. 

Nous nous engageons à ce que tous les résultats de nos calculs soient publiquement accessibles sur les outils de l’ADEME afin que chacun des acteurs puisse s’en saisir pour réinventer son modèle. Nous considérons en effet que les données agrégées par Floribalyse doivent appartenir à l’ensemble des acteurs de la filière. 

Compte tenu de l’activité principale de Sessile, lutter pour l’indépendance des artisans fleuristes, nous souhaitons tout particulièrement les associer aux réflexions. En tant que dernier maillon en contact avec les consommateurs, nous croyons fermement qu’ils sont les mieux placés pour favoriser un changement profond des pratiques d’achat par leur pédagogie, mais aussi parce que leurs pratiques d’approvisionnement ont un impact.

ACV, critères et pondération

Le projet Floribalyse ambitionne de s’appuyer sur une démarche d’Analyse de cycle de vie (ACV). La plupart des analyses environnementales menées sur la fleur coupée se limitent au bilan carbone, dont la seule prise en considération peut entraîner des biais dans la perception de l’impact environnemental de la production. Ainsi, postuler qu’une fleur produite au Kenya est meilleure pour l’environnement qu’une fleur produite sous serre en Hollande parce qu’elle émet 5 fois moins de CO2 n’est pas faux en soi, mais le constat masque une réalité bien plus complexe.

L’ACV permet de calculer l’impact environnemental à l’aune de 16 critères, de nature à saisir plus finement l’impact de la production sur l’environnement. Par exemple, une ACV va calculer l’impact sur l’épuisement des ressources, la toxicité des itinéraires pour les sols, les eaux ou encore la santé humaine. La démarche d’ACV est strictement encadrée au niveau européen (au sein du Product Environnemental Footprint) : aussi nous est-il impossible de choisir les critères qui seront pris en compte.

En revanche, la pondération (ou coefficient) des critères les uns par rapport aux autres ne fait pas consensus, et il nous sera possible de mettre en lumière certains critères qui nous sembleraient insuffisamment pris en compte. “La pondération des critères fonctionne de la même manière que les coefficients sur les matières à l’école : le score environnemental, comme la moyenne générale, est une moyenne des différents critères. On peut choisir d’accorder un coefficient plus élevé aux Maths ou au Français, comme on peut choisir un coefficient plus élevé pour l’usage de pesticides ou l’impact sur la biodiversité dans le cadre d’une ACV”, résume Vincent Colomb, coordinateur Affichage environnemental de l’ADEME.

L’analyse environnementale suppose de garantir un équilibre dans la prise en compte de tous les facteurs. La pondération accordée aux critères relève donc d’un arbitrage. Compte tenu des questions liées aux pesticides qui ont émaillé l’actualité de la filière, nous souhaitons par exemple faire ressortir cette question en augmentant le coefficient lié à l’usage de phytosanitaires dans nos calculs.

Adopter une lecture critique de la pondération des critères via Floribalyse nous permettra d’alimenter la réflexion scientifique européenne en suggérant une nouvelle pondération des critères qui nous sembleraient plus à même de rendre compte de l’impact de la production et de la consommation de fleurs coupées.

Rejoignez-nous

Le périmètre de l’analyse

Quelle partie du cycle doit-on prendre en compte ?

L’ACV consiste à découper chacune des étapes de production et de distribution pour lister les différents facteurs d’émission. Le projet Floribalyse portera donc sur toutes les étapes de la production et de la distribution. 

Quelles données vont nous intéresser ?

La première étape sera de créer des typologies d’itinéraires de production. Est-ce que la fleur a poussé en plein champ ou en hors sol ? A l’air libre, sous serre froide ou sous serre chauffée ? Quel est le système d’irrigation mis en place pour la culture d’une variété donnée ? 

Nous allons ensuite chercher à mesurer tout ce qui a un impact potentiel sur l’environnement au cours du cycle. Seront donc pris en compte l’énergie consommée à chaque étape de production, la nature de celle-ci (électricité, gaz…), les intrants utilisés (engrais, phytosanitaires…).  

Nous nous intéresserons aussi aux données de distribution pour comprendre l’impact environnement des logistiques, ce qui sera particulièrement crucial dans le cadre des fleurs issues de l’importation. Tout ce qui se passe en boutique nous intéresse aussi : usage de plastiques ou de papier recyclés, consommation d’eau moyenne, gestion des déchets…

Quelles variétés étudier ?

Nous avons fait le choix d’étudier une quinzaine de variétés dans le cadre de Floribalyse, de manière à couvrir une gamme représentative des variétés vendues en boutiques. Nous nous appuierons sur une large consultation auprès de tous les fleuristes de France pour déterminer les variétés les plus vendues, afin que Floribalyse porte sur des références facilement identifiables par les consommateurs.

Comparer les systèmes de production

Pour que les données collectées soient représentatives, nous nous adresserons à des producteurs aux pratiques très différentes pour comparer les différents modèles de production et identifier leurs forces et leurs faiblesses. Qu’il s’agisse de producteurs conventionnels ou de petites fermes florales ayant fait le choix de limiter l’usage de phytosanitaires, nous souhaitons que tous les itinéraires de production soient représentés.

Par ailleurs, compte tenu de la forte proportion de fleurs importées dans la part de fleurs vendues en France, il nous apparaît indispensable de collecter des données de production étrangère. D’une part, nous nous appuierons la littérature scientifique disponible sur la question, notamment en ce qui concerne la rose. D’autre part, nous effectuerons des simulations de production étrangère à partir d’hypothèses de travail, à partir de ce que nous savons des itinéraires de production les plus courants. 

L’idée est moins de mettre en concurrence le marché français avec les fleurs d’importation que de comparer des systèmes de production entre eux, en prenant en compte tous les facteurs qui ont un impact sur l’environnement. L’idée est à terme d’imaginer le système alternatif le plus désirable pour produire des fleurs.

Contrôler les données pour assurer la robustesse de l’analyse

Une fois la collecte des premières données réalisée sur l’outil MEANS, nous testerons les résultats en ayant recours à un logiciel hollandais (Florifootprint) ; l’idée est de comparer l’impact de nos choix de pondération dans les résultats finaux. Notre objectif est de comparer les approches françaises et hollandaises en matière d’ACV et de choisir la plus adaptée à la production de fleurs coupées. 

D’autre part, nous éprouverons notre méthodologie par une étape de lecture critique afin de nous assurer que notre étude ne comporte pas de biais ; cette confrontation à un regard extérieur est indispensable pour obtenir les résultats les plus rigoureux possibles.  

Enfin, une fois que notre méthode aura été éprouvée, nous souhaitons potentiellement suggérer des modifications du référentiel FloriPEFCR si nous l’estimons nécessaire, qui fait foi sur l’ACV des fleurs coupées, puisque Floribalyse est la première expérience européenne d’ampleur nationale à le mettre en œuvre. Cette étape est un pas vers une meilleure représentation de la filière française dans les travaux de recherche en horticulture à l’échelle européenne. Notre approche permettra de profiter de l’expertise certaine de l’écosystème hollandais en matière d’analyse horticole, tout en affirmant les spécificités de la production française. 

Vous être professionnel du végétal et souhaitez vous engager dans le projet Floribalyse ? Vous pouvez contacter le coordinateur du projet à l’adresse louis@sessile.fr.

Qui sommes nous ?

Sessile lutte pour l’indépendance des artisans fleuristes sur Internet. Fondé en 2019 par 6 amis, Sessile rassemble 500 fleuristes, engagés dans la transformation de la filière et permet déjà de livrer plus de 50% des Français. En brisant la logique de catalogue sur Internet, le réseau met en avant le savoir-faire de chaque fleuriste et contribue à faire vivre l’art floral. Les fleuristes peuvent faire vivre leur passion et conçoivent des bouquets plus créatifs car ils sont ainsi plus libres de proposer des fleurs de saison, des fleurs locales quand c’est possible.