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23.03.20

Coronavirus : le quotidien bouleversé des artisans fleuristes

Les artisans fleuristes sont confrontés à une situation sans précédent : en raison de l’épidémie de coronavirus, ils ont été contraints de fermer boutique. Une situation intenable pour la plupart d’entre eux qui voient leur activité marquer un sévère coup d’arrêt. Nous avons recueilli le témoignage de fleuristes qui évoquent leur quotidien depuis le confinement et les conséquences visibles de cette situation sans précédent.

L’annonce d’Édouard Philippe le 14 mars a résonné comme un coup de tonnerre : tous les commerces non essentiels sont tenus de fermer leurs portes au public afin de limiter la propagation du virus, au rang desquels les boutiques des fleuristes. Depuis cette décision, c’est toute la filière de la fleur qui est à l’arrêt, de la production à la vente au détail, en passant par l’approvisionnement

Pourtant, la nature commençait à reprendre des couleurs, comme le souligne Yan, fleuriste à Paris et fondatrice de Boya Fleurs dans le 6e arrondissement. “Cette nouvelle tombe au pire moment, à l’arrivée du printemps où la plupart des fleurs commencent à fleurir”. Au-delà de la fermeture des commerces, c’est le destin promis aux stocks qui fait froid dans le dos. “Nous avons été obligés de faire partir beaucoup de fleurs à la poubelle, comme les tulipes par exemple. Et nous craignons de devoir faire de même avec les pivoines qui commences à fleurir” souligne la fleuriste, qui ne cache pas son désarroi. Face à cette situation exceptionnelle, le déstockage de dernière minute est devenu une priorité : “J’ai contacté tous mes clients réguliers pour leur donner les fleurs que j’avais en réserve, je n’avais pas d’autre choix”.

Le constat est aussi implacable du côté de Cédric, fleuriste créateur de Paradoxe à Sucy-en-Brie. Entre deux livraisons pour écouler les plantes vertes qui lui restent, il dresse un tableau sans appel de la situation “Les temps sont durs, c’est indéniable”. Coup dur pour ce fleuriste qui venait tout juste d’ouvrir une deuxième boutique à Paris : “Nous avons été obligés de fermer la boutique dès le lendemain de l’ouverture, c’est une véritable déception”. Cédric a dû s’organiser pour écouler les stocks de ses deux magasins. “Nous sommes principalement passés par les réseaux sociaux et notre site marchand pour éviter d’avoir à jeter. Bien sûr, nous avons pris les frais de livraison à notre charge”. La situation est urgente, car les plantes vertes, qui ont besoin de lumière pour survivre, ne tiendraient pas jusqu’à la fin de confinement.

 

Je trouve mon bouquet de fleurs

 

Des conséquences économiques désastreuses pour le commerce local

Les conséquences économiques pour les fleuristes sont dramatiques. Cédric a dû recourir au chômage partiel pour son personnel, face à l’incertitude de la situation. Comme de nombreux commerces de proximité, les artisans fleuristes ont du mal à voir une issue favorable au confinement.

La demande, pourtant, est toujours bien présente. “En ces temps de confinement, les gens sont nombreux à vouloir fleurir leur intérieur” confie Xavier, décorateur floral d’A Fleur et à mesure à Paris. “Malheureusement, nous ne disposons pas aujourd’hui de garantie pour effectuer des livraisons dans des conditions sanitaires acceptables : les livreurs doivent être protégés !”. Pour ne pas avoir à jeter ses tulipes, c’est une véritable course contre la  montre. “Il m’est arrivé de livrer moi-même, c’est la seule solution pour éviter de gâcher”.

Malgré les effets néfastes sur les affaires, c’est pourtant la raison qui prime. “Bien sûr que c’est un coup dur pour nous de devoir fermer”, rappelle Yan, “mais nous devons être raisonnables et faire de la santé notre priorité”. 

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Face à une situation étrange, un quotidien à réinventer

Même en période de fermeture, il n’est pourtant pas question de baisser les bras. Les fleuristes s’occupent comme ils peuvent. “Personnellement, je décore régulièrement mon intérieur, car le confinement exige un espace fleuri pour pouvoir respirer”. Yan en profite aussi pour faire sa comptabilité, remettre en ordre sa boutique en ligne, et poster régulièrement des photos sur les réseaux sociaux. “C’est une autre façon de fleurir la vie” relativise-t-elle. 

Fabrice, fleuriste de la boutique Acanthus, essaie de voir le bon côté des choses. “Je sais que la situation est difficile pour tout le monde. Pour tenir le coup, il faut envisager l’avenir positivement”. Pour ne pas s’effondrer, il faut se concentrer sur du tangible. “Je viens récemment de déménager, j’en profite donc pour décorer mon intérieur. J’essaie aussi de souffler, car pour un fleuriste, c’est rare de pouvoir prendre des vacances !” sourit-il. 

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    Envisager l’avenir pour tenir le coup

    Les fleuristes lorgnent bien souvent du côté des grandes surfaces. “C’est une concurrence déloyale qu’ils soient encore en mesure de vendre des fleurs. Les commerçants de proximité n’ont pas les armes pour lutter dans ces circonstances” rappelle Cédric. Même son de cloche du côté de Yan “Aujourd’hui, c’est toute la filière horticole qui est menacée, même ses parties les moins visibles par le public”.

    Pourtant, la demande de fleurs est toujours bien visible chez la plupart des clients réguliers des fleuristes, avec lesquels ils restent en contact. “Si la livraison peut être sécurisée, comme nous trouvons toujours autant de demande, nous pourrions travailler, en prenant des précautions bien sûr” propose Xavier.

    Afin d’envisager la suite, beaucoup souhaitent recourir à la vente en ligne. “C’est grâce aux réseaux sociaux et à mon site Internet que j’ai pu écouler mes stocks” rappelle Cédric. Pour Yan, il faut saisir cette opportunité pour penser différemment : “C’est l’occasion pour tous les professionnels des végétaux de réfléchir à d’autres modes de fonctionnements et d’autres façons de consommer les fleurs”.

    C’est Cédric qui finalement trouvera les mots “Pour l’avenir, nous avons besoin de communiquer, communiquer sans cesse : sur ce que nous vivons en ce moment, et sur la façon dont nous sommes prêts à nous adapter. Les commerces locaux ont eux aussi des arguments à faire valoir”. A ce titre, la vente en ligne peut occuper une place stratégique et permettre aux fleuristes d’entrevoir le bout du tunnel. En attendant, il faut espérer que la situation ne s’éternise pas, et respecter les directives gouvernementales pour ralentir la progression de l’épidémie. 

    Pour autant, la situation est peut-être l’occasion pour tous les acteurs de la filière de repenser de nouveaux usages et modes de consommation, de la production à la vente en boutique, et de faire preuve de solidarité pour surmonter cette crise sans précédent. Et d’envisager un avenir plus radieux. 

    Qui sommes nous ?

    Sessile lutte pour l’indépendance des artisans fleuristes sur Internet. Fondé en 2019 par 6 amis, Sessile rassemble 500 fleuristes, engagés dans la transformation de la filière et permet déjà de livrer plus de 50% des Français. En brisant la logique de catalogue sur Internet, le réseau met en avant le savoir-faire de chaque fleuriste et contribue à faire vivre l’art floral. Les fleuristes peuvent faire vivre leur passion et conçoivent des bouquets plus créatifs car ils sont ainsi plus libres de proposer des fleurs de saison, des fleurs locales quand c’est possible.